• Mes derniers articles publies en Algerie

       

    http://www.lexpressiondz.com/autres/contributions/222974-quel-role-pour-la-psychotherapie.html

    "DANS UNE SOCIÉTÉ ALGÉRIENNE STRESSÉE, quel rôle pour la psychothérapie? publié par L'Expression/Le Quotidien, le 16 Aout 2015.
    http://www.lexpressiondz.com/autres/contributions/222974-quel-role-pour-la-psychotherapie.html

     DANS UNE SOCIÉTÉ ALGÉRIENNE STRESSÉE

    Quel rôle pour la psychothérapie?

     vient d’être publié aujourd’hui Dimanche 16 Aout sur L'Expression. Un grand merci a tous mes patients pour un expérience très enrichissante.

    DANS UNE SOCIÉTÉ ALGÉRIENNE STRESSÉE

    Quel rôle pour la psychothérapie?

    Par Dr Azzedine MEZBACHE - Dimanche 16 Aout 2015

     

    Aux USA, la psychothérapie a été pratiquée depuis les années 1900 

     

    Aux USA, la psychothérapie a été pratiquée depuis les années 1900

    Ex-professeur, University de Redlands aux USA, ayant exercé pendant 37 ans aux Etats-Unis, Azzedine Mezbache est psychothérapeute dans un cabinet de groupe et un psychologue du travail et des organisations. Il est actuellement professeur à l'Imaa (Institut de management algéro-américain, à Hydra, Alger). Dans cette contribution, il nous explique qu'il n'y a pas de raisons rationnelles pour ne pas aller voir un psychothérapeute.  

    La première fois que j'ai dit à mon père que je voulais devenir un psychologue, sa première réaction était, «tu veux me dire que tu peux guérir les gens avec les mots?» A un jeune âge, celui de 18 ans, je ne savais même pas comment répondre à cette question. Je n'étais même pas sûr de ce que les psychologues font dans la vie à part le fait qu'ils écoutent les patients parler de leurs problèmes.

    Quarante ans plus tard, j'ai une petite notion concernant le travail d'un psychologue. En bref, la psychologie est définie comme «l'étude du comportement humain et des procès mentaux». Le quart des psychologues au monde exerce aux USA et la psychologie américaine a fait plus de progrès en 100 ans que la médecine en 500 ans. On prédit qu'un jour, au milieu du travail, il ne serait plus nécessaire d'avoir un entretien approfondi avant une embauche, des machines vous scannent le cerveau et rapportent un profil psychologique de votre personnalité détaillant vos qualités et vos défauts et prédisant si vous allez être un travailleur fiable ou pas.

    Qui est-ce qui va se marier avec une femme qui va voir un psychologue?

    Carl Rogers, le gourou de la psychothérapie américaine, disait que «self-disclosure is a sign of good mental health» (se révéler aux autres est un signe d'une bonne santé mentale). Au cabinet de groupe où je travaille, après avoir exercé pendant uniquement trois mois j'avais réalisé que, pour certains de mes clients, la honte abonde. Voir un psychologue n'est pas quelque chose qu'ils voulaient faire mais quelque chose qu'ils étaient obligés de faire. Même quand ils viennent contre leur gré, les subterfuges abondent pour dissimuler leur identité.

    Quelle est l'origine du problème?

    Il y a des patients qui refusent tout simplement de révéler leur vraie identité, d'autres qui dissimulent la ville où ils habitent, d'autres qui refusent de s'installer dans la salle d'attente, de peur d'être reconnus, d'autres qui viennent de loin au lieu de voir le psychologue localement, et d'autres qui dissimulent leur vrais symptômes pour me tester ou par honte de révéler leurs vrais symptômes.

    Tous ces subterfuges indiquent peut-être un manque de confiance dans les gens de notre profession et/ou la peur du «qu'en dira-t-on». Dans une petite ville où tout le monde se connaît, le «qu'en dira-t-on» pourrait avoir un impact énorme pour l'image d'un client. Surtout pour les jeunes filles qui souhaitent trouver un mari un jour. Leur réputation est en jeu.
    Aux USA où la psychothérapie a été pratiquée depuis les années 1900, voir un psychologue, un «shrink» (le sorcier qui réduit les têtes) pour l'Américain moyen n'est pas très différent que d'aller voir un médecin. La plupart des gens ne s'en vantent pas certes, mais si quelqu'un laisse échapper qu'il voit un psychologue régulièrement, les gens ne sont pas choqués. Parfois les gens sont intrigués et même envieux parce que la psychothérapie est très chère aux USA, l'équivalent en moyenne de 7000 DA pour une séance de 50 minutes et qui peut aller jusqu'a 50.000 DA par séance à Beverly Hills, Los Angeles, California.

    Il n'y a pas de bonnes raisons rationnelles pour ne pas aller voir un psychothérapeute. La société algérienne est très stressée. Demander de l'aide ne doit pas être quelque chose de honteux. On ne peut pas résoudre tous ses problèmes tout seul et/ou à l'aide d'un comprimé. Les comprimés -antidépressifs par exemple- diminuent les symptômes pour que le patient devienne stable, mais c'est le psychologue qui est apte à soigner et guérir le patient.

    On répète aux patients que «les problèmes que vous avez refoulés ont pris des années pour devenir des symptômes pathologiques et ne vont pas disparaître 1) en prenant des comprimés et 2) après une semaine de psychothérapie. Ces choses-là prennent beaucoup de temps.

    Qu'est-ce qui se passe pendant une séance de psychothérapie?

    Un psychologue a un double rôle: une combinaison d'un enquêteur et d'un guérisseur. Pendant la première séance on commence par demander au client «the presenting concern:» (le problème qui l'a amené chez nous) puis, prenant des notes copieuses, on commence notre enquête sur l'origine du problème. Ecouter attentivement ce que la patiente nous dit est très important. Pendant qu'on écoute on essaye de relier certains fragments pertinents de l'histoire de la patiente aux symptômes qu'elle présente. Est-ce que cette patiente a été traumatisée par un événement particulier? Quels sont les facteurs stressants dans la vie de cette patiente? Cette enquête dynamique pour trouver une corrélation entre cause et effet nous aide à décider d'une stratégie pour guérir la cliente. Quand on a enfin déterminé la cause, plus ou moins certaine des symptômes du client, alors on doit décider quelle technique ou quelle série de techniques utiliser pour alléger les maux de la patiente.

    300 types de thérapies aux USA

    Un certain type de thérapies connues comme thérapies comportementales (en Anglais «behavior therapy techniques») sont très communes et populaires aux USA. Ces techniques sont brèves -résultats positifs dans trois à six semaines- et visent à alléger le comportement négatif qu'on peut observer de l'extérieur (e.g., un enfant qui urine dans son lit ou un adulte très stressé) en même temps qu'on continue d'enquêter sur les causes profondes des symptômes.

    Plus on écoute plus on découvre ce qui a vraisemblablement causé les symptômes du patient. Notre approche pour soigner un patient conforme à cette créative analogie de Freud qui disait que, «soigner un patient c'est comme éplucher un oignon, on dépèce pétale par pétale jusqu'à aboutir au centre de l'oignon». Facile à dire, difficile à implémenter.

    «Soigner un patient c'est comme éplucher un oignon...»

    Le traitement d'un TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif), comme le lavage compulsif des mains par exemple, peut s'étaler sur plusieurs séances. Pour le traiter, on utilise une combinaison de méthodes de visualisation et de méthodes de relaxation. Ce traitement peut prendre un mois ou plusieurs mois. Cela dépend de la complexité et de la cause du problème. Les techniques de la thérapie du comportement, utilisées depuis les années 1940 aux USA, sont généralement efficaces avec la majorité des patients qui ont des symptômes allant de l'anxiété générale et les attaques de panique en passant par les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) jusqu'aux troubles psychosomatiques et la dépression. Pour certains symptômes on focalise moins sur les techniques objectives et brèves citées ci-dessus et plus sur les thérapies basées sur le «talk» (parler) pour résoudre les conflits interpersonnels et les problèmes au sein de la famille (ex. parent-adolescent, époux-épouse, etc.).

    Pas de place à la subjectivité

    Le cabinet où je travaille est un endroit idéal pour nos patients. Ils sont soignés corps et esprit. Les patients qui ont des besoins médicaux sont traités par un médecin et une psychiatre expérimentés et respectés de longue date dans leur communauté, et moi-même, Dr Azzedine Mezbache, psychothérapeute formé aux USA. On subvient en concert à leurs divers besoins médicaux, mentaux et psychologiques. Avec les cas complexes et/ou quand c'est nécessaire, on coopère régulièrement sur la meilleure façon de les guérir. Le plus grand gagnant dans tout ça c'est ultimement le client. C'est une tâche qu'on prend très au sérieux.

    Il y a des gens qui lisent ces mots, qui sont peut-être sceptiques, et se demandent, «comment peut-on guérir avec les mots?» On ne guérit pas avec les mots «Per Se». Ces mots-la dérivent des conclusions des résultats de recherches scientifiques et approfondies sur le comportement humain. Quand ces résultats sont publiés, ils sont traduits en techniques de soin que le praticien peut utiliser avec ses patients. C'est comme ça qu'on aboutit à ces mots qui guérissent.

    Les Américains sont tellement pragmatiques qu'une étude du comportement humain doit être 1) rigoureuse et 2) avoir des applications. Sinon a) elle ne peut être publiée et 2) ses résultats ne sont pas pris au sérieux et donc ne vont pas être appliqués en pratique par la plupart des psychologues. La subjectivité n'a pas de place dans le traitement de nos patients. Si on ne peut pas observer et quantifier un comportement, il n'existe pas. La recherche scientifique régit tout.

    C'est quoi le comportement exactement?

    C'est l'amalgame des myriades d'associations positives et/ou négatives recueillies au fil du temps d'une expérience apprenante - d'ordre social ou interpersonnel - qui sont ou bien appropriées ou bien inappropriées. Notre culture renforce toutes ces associations-là qui culminent en un bouquet de qualités consistantes et prédictibles qui deviennent notre personnalité.


    Le cerveau intervient dans tout cela comme un chef d'orchestre décidant comment répondre à toutes ces contingences -parfois complexes- de la vie. Pour la plupart des gens, leur stratégie est de garder les comportements qui aident à leur sauvegarde (les motivent etc.) et d'éviter les comportements qui gênent et interférent avec cette sauvegarde (les démotivent etc.). Tout comme les parents qui nous donnent des conseils pour nous motiver à adopter un certain comportement, la thérapie n'est autre qu'un type de conditionnement où le psychologue nous motive à associer et adopter des comportements plus sains renforcés par un système de renforcements positifs.

    La différence entre un parent et un psychologue? Un parent sain peut fournir un conditionnement sain pour un enfant, si lui-même il a reçu un conditionnement sain, mais un psychologue qui a étudié «la science du comportement humain et les procès mentaux» est plus apte à prodiguer des conseils qui sont sains, efficaces, rationnels et logiques, basés sur la science du comportement humain et, entre autres, basés sur ses nombreuses années d'expérience passées à écouter les problèmes des gens et les «guérir avec les mots».

    « »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter